L’endométriose est une maladie chronique et complexe, dont la prise en charge reste un défi pour les patientes comme pour les professionnels de santé. Si la médecine conventionnelle propose plusieurs stratégies pour atténuer les symptômes, de nombreuses femmes se tournent également vers des approches naturelles ou complémentaires, souvent faute de solution durable. Voici un tour d’horizon des options disponibles les plus courantes.
Les traitements conventionnels
Les traitements actuels visent à soulager les symptômes, à ralentir l’évolution de la maladie et à préserver la fertilité, mais il n’existe à ce jour aucun traitement permettant de guérir l’endométriose.
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Médicaments antalgiques et anti-inflammatoires
Les médicaments antalgiques et anti-inflammatoires, en particulier les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène ou le naproxène, sont souvent prescrits en première intention pour soulager les douleurs liées à l’endométriose, notamment lors des règles. Leur efficacité s’explique par leur capacité à bloquer la production de prostaglandines, des substances impliquées dans l’inflammation et la contraction de l’utérus, qui sont souvent produites en excès chez les femmes atteintes d’endométriose. En réduisant l’inflammation, ces médicaments atténuent l’intensité des douleurs pelviennes et des crampes menstruelles. Il est généralement conseillé de commencer à les prendre un à deux jours avant le début attendu des règles, afin d’anticiper la montée des prostaglandines et de maximiser leur effet. Toutefois, leur efficacité varie d’une personne à l’autre et ils ne sont pas toujours suffisants pour contrôler des douleurs sévères. Par ailleurs, une utilisation prolongée des AINS peut entraîner des effets secondaires digestifs comme des nausées, des troubles gastriques ou, plus rarement, des ulcères, ce qui impose de les utiliser avec précaution et sous suivi médical.En plus des effets secondaires digestifs comme les nausées, les vomissements ou les ulcères, il existe d’autres points de vigilance à connaître concernant la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour l’endométriose. Une utilisation prolongée ou à forte dose peut exposer à des complications rénales, en particulier chez les personnes ayant déjà des fragilités rénales ou prenant d’autres médicaments. Il est donc recommandé de ne pas dépasser la dose prescrite et de limiter la durée du traitement.
Par ailleurs, chez les femmes ayant un désir de grossesse, l’usage des AINS doit être réévalué et limité, car ils peuvent augmenter le risque de fausse couche s’ils sont pris en début de grossesse, et sont formellement contre-indiqués après 24 semaines d’aménorrhée en raison de risques pour le fœtus, notamment au niveau cardiovasculaire et rénal. Les AINS peuvent également provoquer des maux de tête, de la somnolence, des vertiges ou une sécheresse de la bouche chez certaines personnes.
Enfin, il est essentiel de prendre ces médicaments pendant les repas pour limiter l’irritation de l’estomac, et de toujours demander conseil à son médecin, notamment en cas de prise concomitante d’autres traitements ou de pathologies associées. Une surveillance médicale est recommandée, surtout si les douleurs nécessitent des prises régulières ou prolongées.
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Traitements hormonaux
Les traitements hormonaux utilisés dans l’endométriose ont pour objectif de bloquer ou de modifier le cycle menstruel afin de limiter la stimulation des lésions d’endométriose et ainsi réduire les douleurs. Parmi les options les plus courantes, on retrouve la prise de pilules contraceptives en continu, qui permet de supprimer les règles et donc de diminuer l’inflammation liée à la maladie. Il existe aussi des dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux, qui libèrent localement des hormones pour limiter la croissance des lésions, ainsi que des implants, des injections ou des patchs contenant des hormones qui agissent sur l’ensemble du cycle menstruel. Dans certains cas, des analogues de la GnRH peuvent être prescrits pour induire une ménopause artificielle temporaire, ce qui met à l’arrêt la production d’œstrogènes et provoque une régression des lésions. Ces traitements peuvent apporter un soulagement significatif des douleurs et améliorer la qualité de vie, mais ils s’accompagnent parfois d’effets secondaires tels que des bouffées de chaleur, des troubles de l’humeur, une baisse de la densité osseuse ou des saignements irréguliers. De plus, ils ne conviennent pas à toutes les femmes, notamment à celles qui souhaitent une grossesse ou qui présentent des contre-indications hormonales. Le choix du traitement doit donc être adapté à chaque situation. (Les analogues de la GnRH sont des médicaments de synthèse qui imitent ou bloquent l’action naturelle de la GnRH, une hormone produite par le cerveau et responsable du contrôle du cycle menstruel. Utilisés dans l’endométriose, ils servent à mettre les ovaires "au repos" en bloquant la production des hormones qui stimulent les règles, ce qui permet de réduire l’activité des lésions d’endométriose. Ce traitement, administré par injection, provoque une ménopause artificielle temporaire, dont les effets sont réversibles à l’arrêt du traitement) -
Chirurgie
La chirurgie dans l’endométriose est envisagée principalement lorsque les traitements médicaux n’apportent pas de soulagement suffisant, ou en cas de lésions sévères, notamment si elles touchent des organes comme le rectum, la vessie ou les uretères. L’objectif de l’intervention est alors de retirer autant que possible les foyers d’endométriose afin de réduire les douleurs et d’améliorer la qualité de vie, ou encore d’augmenter les chances de grossesse chez les femmes concernées par l’infertilité. La décision de recourir à la chirurgie repose sur plusieurs critères, dont la sévérité et la persistance des symptômes, la localisation des lésions, et le projet de vie de la patiente. L’intervention, souvent réalisée par cœlioscopie, peut être complexe, surtout lorsque les lésions sont profondes ou situées sur des organes fonctionnels. Selon la localisation et l’étendue des lésions, plusieurs spécialistes peuvent être impliqués (gynécologue, urologue, gastro-entérologue…). Avant l’opération, une information complète sur les bénéfices attendus, les risques potentiels et les conséquences sur la fertilité est indispensable. Il faut rappeler que la chirurgie n’éradique pas la cause de la maladie et ne garantit pas l’absence de récidive. L’endométriose peut réapparaître après l’opération, avec un risque de récidive estimé à environ 50 % dans les années qui suivent, surtout en l’absence de traitement hormonal post-opératoire. De plus, la répétition des interventions peut entraîner des complications, comme la formation d’adhérences, des troubles urinaires ou digestifs, et une diminution de la réserve ovarienne, ce qui doit être pris en compte dans le choix du traitement. La chirurgie reste malgré tout une option quelque fois nécessaire en cas de souffrance trop profonde. -
Nouveaux traitements en cours d’étude
De nouveaux traitements pour l’endométriose font actuellement l’objet de recherches cliniques, notamment des molécules innovantes comme le dichloroacétate (DCA) ou certains anticorps anti-inflammatoires injectables. Le dichloroacétate, déjà utilisé dans d’autres domaines médicaux, s’intéresse ici à une particularité du métabolisme des cellules chez les femmes atteintes d’endométriose : ces cellules produisent davantage de lactate, un déchet métabolique, ce qui favorise la survie et la croissance des lésions. Des études en laboratoire ont montré que le DCA peut corriger cette anomalie en réduisant la production de lactate et en freinant le développement cellulaire, ce qui laisse entrevoir une piste de traitement non hormonale pour les femmes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas prendre d’hormones, et pour limiter les récidives après une chirurgie. Actuellement, des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité et la tolérance de ce traitement chez des patientes souffrant d’endométriose douloureuse. Par exemple, un essai pilote prévoit d’administrer le DCA à des femmes pendant plusieurs semaines afin d’observer son impact sur la douleur et la qualité de vie, ainsi que la faisabilité d’un essai à plus grande échelle. Il s’agit pour l’instant de phases exploratoires : ces traitements ne sont pas encore disponibles en pratique courante et restent réservés à la recherche clinique, mais ils représentent une avancée prometteuse pour l’avenir des patientes, en particulier celles pour qui les traitements actuels sont insuffisants ou mal tolérés.
Les approches naturelles et complémentaires
Elles ne remplacent pas un avis médical mais peuvent améliorer la qualité de vie et atténuer certains symptômes, seules ou en complément des traitements classiques62.
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Médecines douces recommandées par la Haute Autorité de Santé
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Aromathérapie et huiles essentielles
Certaines huiles (lavande, camomille, sauge sclarée) peuvent être utilisées en massage ou diffusion pour apaiser les douleurs et favoriser la détente. Toujours demander conseil à un professionnel formé2. -
Phytothérapie
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Curcuma : reconnu pour ses propriétés anti-inflammatoires
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Achillée millefeuille et sauge : régulation du cycle et diminution des saignements abondants
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Chardon-Marie : soutien de la fonction hépatique, bénéfique pour l’équilibre hormonal5
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Compléments alimentaires
Le PEA (palmitoyléthanolamide) est étudié pour ses effets anti-inflammatoires et antalgiques prometteurs dans l’endométriose, même si les données restent préliminaires7. -
Homéopathie
Certains protocoles individualisés sont proposés par des praticiens spécialisés, mais l’efficacité reste débattue scientifiquement5. -
Thermothérapie
L’application locale de chaleur (bouillotte, bains chauds) est recommandée par les associations de patientes pour soulager les douleurs pelviennes2. -
Hygiène de vie
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Activité physique douce et régulière
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Gestion du stress (méditation, sophrologie)
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Adaptation de l’alimentation (réduction des aliments pro-inflammatoires, soutien du microbiote intestinal)
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Bref
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Aucun traitement, conventionnel ou naturel, ne permet de guérir l’endométriose à ce jour.
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La prise en charge est individualisée, souvent multidisciplinaire, et doit s’adapter à chaque femme selon ses symptômes, ses attentes et son projet de vie.
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Les approches naturelles peuvent apporter un réel mieux-être, mais ne se substituent pas à un suivi médical spécialisé.
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La liberté de choix et l’écoute de son propre ressenti restent essentielles dans le parcours de soin de cette pathologie encore trop méconnue.
Sources principales :
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EndoFrance (association de patientes)
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PubMed (base de données d’articles scientifiques)
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Témoignages de patientes dont mon expérience personnelle
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