Le diagnostic de l’endométriose : un parcours semé d’obstacles

Publié le 13 mai 2025 à 17:00

Le diagnostic de cette maladie complexe reste aujourd’hui encore long et difficile. En France, le délai moyen entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic officiel est estimé à 7 ans, parfois jusqu’à 10 ans selon les études et les parcours individuels. Cette errance médicale s’explique de différentes façons : méconnaissance de la maladie, diversité des symptômes, banalisation des douleurs menstruelles, et manque de formation de certains professionnels de santé.

Pourquoi le diagnostic est-il si tardif ?

  • Symptômes variés et peu spécifiques : Les douleurs pelviennes, les règles très douloureuses, les troubles digestifs ou urinaires, la fatigue chronique, ou encore l’infertilité, sont autant de signes qui peuvent orienter vers d’autres diagnostics ou être minimisés.

  • Méconnaissance de la maladie : L’endométriose n’est pas toujours bien connue, même chez les médecins généralistes, ce qui retarde l’orientation vers des examens adaptés.

  • Complexité de la maladie : Les lésions peuvent être invisibles lors des examens de routine et la présentation clinique varie beaucoup d’une femme à l’autre.

 

Le parcours diagnostique

Le diagnostic commence généralement par un dialogue approfondi avec un médecin ou un gynécologue. L’écoute attentive des symptômes – douleurs, troubles digestifs, urinaires, etc. – constitue la première étape pour s'orienter vers l’endométriose. La clé reste l’écoute et la bienveillance, tant du praticien que de l’entourage, afin de ne pas sous-estimer la douleur ou le mal-être de la patiente. Un environnement compréhensif et soutenant est essentiel, car la patiente pourrait être tentée de minimiser ses symptômes si elle ne se sent pas prise au sérieux. Cette reconnaissance du vécu est d’autant plus importante que la diversité des symptômes peut rendre le diagnostic complexe et souvent tardif.

 

Les examens de référence

  • Échographie pelvienne endovaginale : Premier examen proposé, il permet de visualiser les organes internes et de détecter des kystes ovariens ou des lésions visibles. Cependant, il n’identifie pas toujours toutes les lésions d’endométriose.

  • IRM pelvienne : Souvent prescrite en complément, elle permet de détecter les nodules et les lésions profondes, même en l’absence de kystes. L’IRM est particulièrement utile pour cartographier l’étendue de la maladie.

  • Examens complémentaires : Selon la localisation suspectée (digestive, urinaire…), d’autres examens comme le coloscanner, l’uroscanner ou l’écho endoscopie rectale peuvent être nécessaire.

  • La cœlioscopie : pour explorer et traiter l’endométriose lorsque les autres méthodes ne suffisent pas, tout en étant moins invasive qu’une chirurgie ouverte.

Coloscanner

Le coloscanner, aussi appelé « coloscopie virtuelle », est un examen d’imagerie médicale qui permet de visualiser l’intérieur du côlon (gros intestin) sans utiliser de caméra comme lors d’une coloscopie classique. Il utilise un scanner (tomodensitométrie) pour obtenir des images en 2D ou 3D du côlon. Cet examen est rapide (moins de 10 minutes), ne nécessite pas d’anesthésie et est généralement indolore. Il est surtout utilisé pour rechercher des polypes ou des anomalies, notamment si la coloscopie classique est contre-indiquée ou refusée. En revanche, il ne permet pas de faire de prélèvements (biopsies) si une anomalie est détectée, une coloscopie classique sera alors nécessaire.

Uroscanner

L’uroscanner est un scanner spécialisé qui permet d’explorer tout l’appareil urinaire : reins, uretères, vessie, et parfois la prostate. Il consiste à passer dans un anneau de scanner qui prend des images en coupes fines du corps, souvent après injection d’un produit de contraste pour mieux voir les tissus. Cet examen est utilisé pour rechercher des anomalies comme des tumeurs, des calculs, ou des lésions invisibles à l’échographie classique. Il est précis et permet de reconstituer l’appareil urinaire en 2 ou 3 dimensions.

Échoendoscopie

L’échoendoscopie combine deux techniques : l’endoscopie (introduction d’un tube souple dans le tube digestif) et l’échographie (imagerie par ultrasons). Une petite sonde d’échographie est placée à l’extrémité de l’endoscope, ce qui permet d’obtenir des images très détaillées des parois du tube digestif (œsophage, estomac, rectum, anus) et des organes proches (pancréas, voies biliaires). Cet examen permet d’évaluer la profondeur des lésions et, si besoin, de faire des prélèvements sous contrôle échographique. L’anesthésie générale n’est requise que pour l’exploration de la partie haute du tube digestif ; pour le rectum et l’anus, un simple lavement suffit et l’anesthésie n’est pas systématique.

 

Il arrive que plusieurs examens soient nécessaires pour confirmer le diagnostic et analyser précisément la taille et la localisation des lésions.

 

L’importance du spécialiste

Un médecin spécialisé en endométriose ou un radiologue expérimenté est souvent indispensable pour interpréter correctement les examens et éviter les diagnostics erronés. Le témoignage de Sarah, 22 ans, illustre bien ce parcours : après des années de douleurs minimisées, c’est un spécialiste qui a enfin posé un diagnostic clair grâce à une IRM et un dossier médical complet, lui permettant d’envisager un traitement adapté et de sortir de l’isolement.

 

Conséquences de l’errance médicale

Ce retard au diagnostic a un grande influence sur la qualité de vie : souffrance physique et psychologique, isolement, doutes, perte de confiance en soi, et parfois complications liées à l’évolution de la maladie non traitée. D’où l’importance de sensibiliser les patientes, leur entourage et les professionnels à la multiplicité des symptômes et au besoin d’une prise en charge spécialisée.

 

Sources principales :

  • EndoFrance (association de patientes)

  • PubMed (base d’articles scientifiques)

  • Témoignages Sarah, de patientes, dont mon expérience personnelle

Pour plus d’informations ou pour obtenir la liste détaillée des références, vous pouvez me contacter via le blog.